L’hiver est la saison idéale pour procéder à l’observation des chouettes et hiboux : oiseaux de nuit discrets, ils sont en grande partie méconnus. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ces deux volatiles.
En France, chouettes et hiboux sont principalement nichés dans les bois et campagnes, et parfois dans les granges, les cheminées d’habitations ou encore les lucarnes. La saison hivernale marque le début de leur période de nidification, et par chance, les arbres dénudés nous offrent une visibilité profitable. C’est le meilleur moment pour s’adonner à leur observation et faire connaissance avec ces deux espèces !
Des animaux nocturnes discrets
Chouettes et hiboux sont habillés d’un plumage épais et portent d’immanquables yeux ronds. Ils peuvent tous les deux pivoter leur tête à 270°, une caractéristique étonnante ! Autre particularité commune : leur vol est parfaitement silencieux. Cet atout, prêté par la forme de leurs ailes et de leurs plumes, s’avère rondement utile pour chasser leurs proies.
Il existe pourtant bien une différence entre le hibou et la chouette : celui-ci porte des aigrettes sur le dessus de la tête. Deux faisceaux de plumes ressemblant étrangement à des oreilles, qui lui servent semble-t-il a exprimer son humeur.
À la nuit tombée, leur cri strident sonne le début de la chasse, qui durera jusqu’à l’aube. Pour cette raison, ils sont qualifiés de “rapaces nocturnes”. Mais ce n’est pas le seul prétexte selon lequel ces deux volatiles sont associés au monde effrayant des ténèbres : depuis le Moyen-Âge, ils ont la réputation d’être des oiseaux de mauvais augure. Une idée que l’on retrouve étymologiquement dans le terme latin strix (désignant “un esprit nocturne et malfaisant”) qui a donné le nom de la famille à laquelle ils appartiennent : les Strigidés.
Petit tour d’horizon des principales espèces qui peuplent notre territoire :
La chouette effraie des clochers
Avec sa face blanche en forme de cœur, son bec gris et ses yeux noirs profonds, celle que l’on appelle communément “l’effraie des clochers” a choisi pour perchoirs de prédilection les clochers des églises. Vous l’aurez donc deviné, elle aime vivre près des villages, lorsqu’elle n’est pas dissimulée dans les plaines et vallées. Son pelage roux perlé d’argenté réserve un dessous de ventre uniformément blanc, qui se dévoile lorsqu’elle prend son envol.
En France, ce volatile est présent sur l'ensemble des régions, mais rarement dans les zones montagneuses, en raison de sa difficulté à chasser sur des sols enneigés. Exception faite des Hautes Alpes, où elle nidifie jusqu’à 1 500 m d’altitude. Durant l’hiver, elle est essentiellement visible dans l’Est du pays. L’Observatoire Rapaces recense une population européenne variant entre 110 000 et 220 000 couples, où l'Espagne et la France accueillent les plus fortes populations.
La chouette hulotte
La chouette hulotte est le rapace nocturne le plus commun du pays et d’Europe. Elle vit sur l’ensemble du continent à l’exception du nord, dans les bois de feuillus à feuilles caduques ou parmi les conifères. Sa couleur varie du brun-roux au grisâtre, et ses yeux sont sombres. Souvent, elle niche dans les troncs de vieux arbres, blottie entre ses larges creux, comme 50% de ses congénères. L’autre moitié élit pour foyer des bâtiments.
En mars, la femelle pond deux à quatre œufs qu’elle couve pendant un mois. C’est donc le mâle qui se charge d’apporter de la nourriture à la maman chouette durant cette période, puis à ses oisillons.
La chouette d’Athéna
Dans la mythologie grecque, la chouette chevêche est attribuée à la déesse Athéna. Cet animal symbolise la sagesse, et traduit ainsi les qualités de justice, prudence et clairvoyance associées à cette divinité antique, qui n’est autre que la déesse de la Guerre, de la Sagesse et des Tisserands.
À quoi reconnaît-on la compagnonne d’Athéna ? La chouette chevêche est un des plus petits rapaces nocturnes existants. Oiseau rond, il est pourvu d’un plumage brun pointé de taches blanches, et ses yeux jaune paille sont soulignés par deux bandes sourcilières blanches.
La chouette de Tengmalm
La chouette de Tengmalm vit surtout en altitude, dans les forêts de conifères du Jura, des Pyrénées, des Cévennes et du massif de la Vanoise. Elle a le regard d’or et porte aussi un manteau brun perlé de taches blanches, mais se différencie de la Chevêche par un disque facial plus volumineux. Elle peut pondre jusqu’à dix œufs. Une fois la naissance donnée, le mois de couvaison est suivi par quatre à cinq semaines que les jeunes volatiles passent auprès de leurs parents, avant de quitter définitivement le nid.
Le hibou moyen-duc
Le hibou moyen-duc se distingue par son corps allongé, son pelage ocre parcouru de bandes noires, et ses yeux oranges contrastant avec son bec noir. On peut le rencontrer dans toutes les régions de France, où vivent jusqu’à 30 000 couples. En hiver, il forme des dortoirs diurnes au sein de bois ou de massifs forestiers de conifères, dans lesquels se rassemblent environ 10 à 30 oiseaux.
Le hibou grand-duc
Le hibou grand-duc possède un duvet fauve à taches brunes et de grands yeux oranges. Il se nourrit de proies vivantes aux tailles variées, telles que des scarabées, des corbeaux ou même des faons. Il est très rare de l’apercevoir en dehors de ses régions coutumières que sont le Massif Central, les Alpes du Sud et la Provence.
Le hibou petit-duc
Ce rapace est plus petit et trapu que les autres hiboux, et a pour signe distinctif de larges yeux jaune citron. Le hibou petit-duc est aussi un oiseau migrateur : l’hiver, il quitte nos contrées pour rejoindre l’Afrique, où le climat est plus chaud et la nourriture plus abondante.
Suivre la trace des rapaces
Maintenant que vous en savez un peu plus sur ces fascinantes créatures, il ne vous reste plus qu’à planifier votre prochaine sortie d’observation ! Ouvrez grand le regard sur les sentiers de campagne pour repérer nos oiseaux, et tendez l’oreille à la lueur du crépuscule. Vous pouvez aussi partir à la recherche de leurs pelotes de réjection, les boules de nourriture non digérée qu’ils régurgitent, ou, dans certaines régions, vous aventurer à suivre leurs traces laissées dans la neige.
À noter que tous les deux ans, la Fédération des Parcs naturels régionaux de France et la Ligue pour la protection des oiseaux.organise en mars la Nuit de la Chouette dont EcoNature se fait le relai. C'est l'occasion de découvrir ces rapaces autour d’une multitude d'activités proposées partout en France. Prochain rendez-vous en mars 2025, pour célébrer sa 16e édition.