Comment la nature régénère-t-elle notre cerveau et participe à notre bien-être ?
La nature peut-elle régénérer notre cerveau et nourrir notre bien-être ?
Stress, sollicitations constantes, bruit environnant, effervescence urbaine… Notre cerveau crie au secours ! Et beaucoup d’entre nous se sentent comme engloutis, perpétuellement agités, déconnectés d’eux-mêmes… Et impuissants à changer les choses.
Pourtant, il existe un remède très simple, à la portée de tous !
Il suffit d’écouter le gazouillement des oiseaux, de respirer l’odeur de la terre humide après la pluie, d’aller marcher en forêt, d’observer le changement de couleur des feuilles à l’automne, de sentir sur sa peau les embruns de l’océan… Et nous voilà transportés, soulagés, ressourcés.
Mais alors, quel est cet élixir « miraculeux » qui a le pouvoir de calmer notre esprit tourmenté, de régénérer notre cerveau ? Eh bien, c’est la nature elle-même qui nous l’offre. Elle est source d’apaisement et de bien-être !
D’ailleurs, l’impact qu’elle a sur notre cerveau n’est ni miraculeux, ni magique : il est physiologique. De nombreuses études et des découvertes récentes en neurosciences en apportent les preuves scientifiques.
Explorons cela plus en détails.
La nature réduit le stress
De récentes avancées en neurosciences permettent de mieux comprendre la relation entre la nature et notre cerveau.
Ainsi, une promenade agréable en forêt ou dans un environnement naturel, même brève, réduit les ruminations, affections souvent associées à l’anxiété ou à la dépression1.
Une autre étude menée à l’Institut Planck2, confirme ce phénomène : une heure de marche en pleine nature impacte à la baisse l’activité de l’amygdale, alors qu’elle reste stable dans une situation semblable en milieu urbain. Cette zone du cerveau fonctionne comme un système d’alerte : elle s’active et dicte des réactions comportementales en cas de stress.
D’ailleurs, en ville, les médecins témoignent d’un taux plus élevé de troubles mentaux et psychiatriques (états anxieux, dépressions, schizophrénie…)
Dans nos activités urbaines, nous sommes donc maintenus dans un état de veille plus ou moins constant… alors que la nature atténue, ou mieux, désactive « nos mécanismes de défenses ».
Cette conclusion est confirmée par la biologie3 : un contact avec la nature provoque une baisse de notre niveau de cortisol et d’adrénaline (hormones du stress), une réduction de la tension artérielle et une régulation du rythme cardiaque.
Une simple marche dans un parc… et le stress se dissipe comme la brume matinale aux premiers rayons du soleil !
Michel Le Van Quyen, chercheur en neurosciences et auteur de « Cerveau et nature », en donne une explication pragmatique : Lorsque nous contemplons un paysage, à la forêt, à la montagne ou encore à l’océan par exemple, nos yeux embrassent l’horizon. Rien ne les arrête ou les contraint ; mais en même temps, rien ne retient particulièrement leur attention. Nos yeux balaient tranquillement le panorama que nous offre la nature, loin et de tous les côtés. Pendant ce temps, les mécanismes de la vigilance se relâchent dans notre cerveau, et, comme lorsque nous nous reposons, cela restaure ses capacités cognitives.
S’appuyant sur ce constat, les japonais ont inventé dans les années 80, le Shirin-yoku, les « bains de forêt ». Ce que nous, occidentaux, avons traduit par « Sylvothérapie ». Prescrit par les médecins japonais pour soigner le stress et le surmenage (ou même en prévention de ces affections), le Shirin-yoku propose une expérience sollicitant les cinq sens. En clair, il s’agit d’aller marcher en conscience en pleine forêt, en prêtant attention à l’instant présent. Ses bénéfices sont nombreux et son empreinte durable, de l’ordre de plusieurs semaines : réduction de la pression artérielle, amélioration de la qualité du sommeil, stimulation des capacités cognitives et de la créativité… Les phytoncides, ces substances chimiques émises par les arbres, auraient même des vertus préventives contre certains microbes. Le fait de les respirer renforcerait notre système immunitaire.
La nature améliore notre bien être
La nature, on vient de le voir, est un excellent antidépresseur naturel. Mais, ne libèrerait-elle pas aussi les neurotransmetteurs du bonheur, tels que la sérotonine, la dopamine ?
C’est en tout cas l’hypothèse sur laquelle s’appuient sans doute les nombreuses entreprises qui invitent la nature à l’intérieur des bureaux ou sur les toits des bâtiments, pour améliorer le bien-être au travail de leurs salariés. Par ailleurs, beaucoup d’immeubles de bureaux aujourd’hui sont construits en optimisant l’exposition à la lumière naturelle, dont on sait qu’elle favorise une bonne qualité de sommeil et contribue à la santé mentale.
Des études ont également montré que notre cerveau était plus performant quand nous sommes entourés de verdure : nos performances cognitives, notre créativité sont alors stimulées, notre attention et notre concentration décuplées.
La nature, en soutien du soin
Les contributions de la nature au soin et à l’accompagnement des prescriptions classiques sont aussi bien connues des médecins et des chercheurs.
Dans un article de 1984 publié dans la revue Science, Robert Ulrich, chercheur devenu célèbre depuis lors, démontrait que des patients se remettaient plus vite de leur opération et qu’ils consommaient moins d’analgésiques, s’ils pouvaient contempler un espace naturel depuis la fenêtre de leur chambre d’hôpital. C’est ainsi que sont apparus dans de nombreuses villes du monde des jardins à visée thérapeutiques.
En effet, la nature peut avoir un réel effet bénéfique pour empêcher l’apparition, soulager ou ralentir l’évolution de maladies mentales ou psychiatriques (Parkinson, Alzheimer…). Là aussi, son impact sur le cerveau des patients est avéré.
Ainsi, le jardin « art, mémoire et vie » du CHRU de Nancy est un jardin thérapeutique qui sert de terrain d’études pour démontrer les effets bénéfiques de la nature sur des patients atteints de maladies neurodégénératives ou en séjours palliatifs. Au delà d’être un simple agrément, ce jardin apporte à ces malades du bien-être, des stimulations sensorielles, mais aussi la capacité d’apprendre et même, de mémoriser de nouveaux souvenirs. Par ailleurs, profiter régulièrement du jardin réduit l’agitation des patients atteints de démence et favorise des interactions positives avec le personnel soignant.
Enfin, dans le cas de patients atteints de troubles du comportement, par exemple des enfants souffrant de TDAH, des études ont montré que les faire participer à des activités en pleine nature canalise leur hyperactivité, améliore leur concentration et réduit leur impulsivité.
Rendre à la nature… ce qu’elle nous offre.
Il est désormais clair que la nature entretient un lien intime avec notre cerveau et impacte notre bien-être. Comment cela pourrait-il être autrement d’ailleurs, puisque l’être humain est le produit de millions d’année d’évolution au sein même de la nature ?
Il est donc grand temps de redécouvrir ce lien précieux et ancestral qui nous lie à elle. Alors, comment faire pour l’intégrer davantage dans nos vies, dans un monde de plus en plus urbanisé ?
Parce que nous n’avons pas tous la chance de pouvoir pratiquer des « bains de forêt » régulièrement…
Pour vous aider à reconnecter votre cerveau à la nature, voici quelques exercices simples à pratiquer, que vous soyez en plein air ou chez vous :
- Méditez en pleine nature : Trouvez un endroit calme, asseyez-vous confortablement, fermez les yeux et concentrez-vous sur les bruits, les odeurs et les sensations autour de vous. Laissez la nature vous envahir et ressentez la paix intérieure grandir.
- Créez un jardin d’intérieur : Même en ville, vous pouvez créer un petit jardin chez vous avec des plantes d'intérieur. Prenez le temps chaque jour de les observer, de les arroser, de les regarder pousser et de vous connecter à leur beauté naturelle.
- Explorez vos sensations : Si vous vous promenez, engagez vos sens. Touchez l'écorce des arbres, mettez vos mains dans la terre, écoutez le chant des oiseaux, respirez profondément l'air frais. Ces interactions simples réveilleront votre lien profond avec la nature.
- Créez en plein air : Apportez avec vous un carnet de croquis et des crayons. Asseyez-vous dans un parc ou dans la forêt et laissez-vous inspirer par ce qui vous entoure. Dessinez, peignez, ou écrivez pour capturer l'instant présent.
- Expérimentez le silence déconnecté : Éteignez votre téléphone portable et profitez d’un moment de silence. Si vous êtes en plein air, écoutez les sons de la nature, le bruissement des feuilles, le murmure d'une rivière. Si vous êtes chez vous, regardez par la fenêtre. Laissez votre esprit divaguer en observant la forme des nuages, le vol des oiseaux, le vent agiter les feuilles dans les arbres, etc. Cette pause silencieuse vous aidera à vous recentrer.
- Participez à une activité EcoNature : Inscrivez-vous à l’une des sorties proposées sur le site, et découvrez les mille et une merveilles de la nature. Le choix est grand : de quoi vous évader et vous émerveiller que vous soyez petit ou grand !
La nature s’offre à nous et nous procure tant de bienfaits… Et si la compréhension de ce qu’elle nous apporte nous permettait de mieux la comprendre pour mieux la préserver ?
A lire :
- « Cerveau et nature, pourquoi nous avons besoin de la beauté du monde », de Michel Le Van Quyen
- Shirin Yoku : le bienfait des bains de forêt
Sources :