L’hiver est là. Pendant que les humains s'emmitouflent et allument le chauffage, l’hibernation dans le règne animal est beaucoup plus complexe et fascinante. Alors que les renards, les lièvres ou les chevaux s’adaptent au froid grâce à une fourrure plus épaisse, que certains oiseaux ont migré vers des régions plus clémentes, d’autres animaux préfèrent dormir jusqu’au printemps. On dit qu’ils hibernent. Certaines espèces sont bien connues comme la marmotte mais savez-vous qu’il y en a bien d’autres, parfois surprenantes ? Découvrez ici tous les mystères de l’hibernation !
L’hibernation, comment ça se passe ?
Hiberner permet à l'animal d'économiser ses besoins en énergie quand la nourriture se fait plus rare. Lorsque le froid arrive, des modifications physiologiques permettent aux animaux qui hibernent de survivre pendant la saison froide. Leur métabolisme se modifie et fait baisser leur température corporelle en dessous de 10 degrés. Le rythme respiratoire et cardiaque diminue ainsi que le flux sanguin. L’animal entre ainsi dans un état de léthargie et sombre dans un sommeil profond. Sa fonction cérébrale se réduit au minimum pour n’assurer que ses fonctions vitales. Pendant toute cette période, qui va de quelques semaines à plusieurs mois, l’animal ne va ni boire ni s’alimenter, à quelques exceptions près. Ce sont les réserves qu'ils ont accumulées pendant la belle saison qui leur permet de traverser l’hiver.
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Hiberner ou hiverner
Il ne faut pas confondre l’hibernation et l’hivernation. La première est bien cet état léthargique dans lequel entre les animaux qui dorment au fond de leur terrier. Il leur faut souvent plusieurs jours pour sortir de leur état de torpeur. Hiverner signifie plutôt passer l’hiver à l'écart des intempéries ou dans des zones plus tempérées. Les animaux qui hivernent restent donc actifs et rusent d’autres moyens pour survivre à l’hiver. Leur comportement ou leur apparence change. C’est le cas des oiseaux migrateurs comme les hirondelles qui quittent l’Europe pour hiverner en Afrique. D’autres voient leur plumage ou leur fourrure s'épaissir.
L’hivernage concerne aussi certaines plantes qui entrent au repos pour reprendre leur pousse aux premiers jours du printemps.
Le saviez-vous ? Contrairement aux idées reçues, tous les ours n’hibernent pas ! Pour beaucoup, ils hivernent ! L’ours brun, par exemple, entre plutôt dans un sommeil hivernal. Sa température baisse légèrement mais il lui arrive de se réveiller et de sortir de sa tanière. L’ours noir lui entre dans un long sommeil qui peut durer de 5 à 7 mois mais il lui arrive de se réveiller. Il ne s’alimente pas et ne fait pas ses besoins. Son cœur passe de 50 à 10 battements par minute. Les femelles grizzli peuvent, elles, donner naissance pendant cette période et préfèrent rester dans leur tanière jusqu'à ce que les oursons soient en mesure de sortir. Enfin l’ours blanc male n’hiberne pas, il passe l’hiver à la recherche de nourriture.
Alors qui hiberne ?
- Sur terre
La marmotte - Elle hiberne pendant environ 200 jours, soit plus de la moitié de l'année. À l’automne, la marmotte se nourrit énormément pour constituer des réserves de graisse. Sa température corporelle chute de 37 à environ 5 degrés. Dès les premiers gels, elle s’enferme dans son terrier, l’hibernaculum, constitué de bouchons de terre, de foin, de boue et d'excréments. Elle est ainsi bien au chaud, à l'abri des prédateurs.
Le loir - Ce petit mammifère engraisse lui aussi dès l’automne puis hiberne durant tout l’hiver, d’octobre à avril, dans un nid qu’il aura creuser entre 15 et 60 cm sous la surface. C’est à cette longue hibernation que l’on doit l’expression “dormir comme un loir” !
Le lérot - Cousin du loir, ce petit rongeur hiberne les yeux fermés, les oreilles rabattues et la queue enroulée. Sa petite taille lui permet de trouver refuge entre les fissures de la terre et des rochers, dans les cavités des arbres mais aussi dans les nichoirs à oiseaux ou les granges.
Le hérisson - Il stocke jusqu'à 40% de sa masse corporelle en graisse. D’une part en graisse brune sur le haut corps pour se réchauffer, et d'autre part en graisse blanche au niveau du ventre pour maintenir le fonctionnement minimal de l’organisme. Il choisit généralement un nid abrité des intempéries, un terrier abandonné, un tas de pierres, de branches, etc.
Bien d’autres mammifères hibernent durant l’hiver. On note la moufette, le tenrec et certains hamsters, souris et chauve-souris.
- Dans les airs
L’Engoulevent de Nuttall ou commun - Plutôt que de migrer comme ses cousins à plumes, ce petit oiseau nocturne, présent en Amérique du Nord et au Mexique, privilégie l’hibernation pour sa survie. Il est le seul oiseau au monde à hiberner. Il s'installe confortablement sur le sol et se camoufle grâce à son plumage marron tacheté avant d’entrer dans un état de torpeur. Pendant sa période d'inactivité, sa température corporelle peut descendre jusqu'à 5 degrés.
- Dans l’eau
La grenouille des bois - Originaire des Etats-Unis, elle se prépare à l’hiver en se créant une litière de feuilles. Elle gèle ensuite son corps pendant plusieurs mois. Son secret ? Un antigel naturel empêche la formation de cristaux de glace dans les cellules lorsque le cœur et la respiration s'arrêtent. Une fois que le mercure remonte, elle dégèle et reprend le cours de sa vie !
La tortue peinte - Également présente en Amérique du Nord, la tortue peinte a l’incroyable capacite de respirer par son derrière ! Quand les lacs gèlent, elle ne peut plus remonter à la surface pour respirer et utilise alors un processus appelé “respiration cloacale”. Les vaisseaux sanguins entourant le cloaque, un orifice universel que l'on retrouve chez de nombreux reptiles, sont capables d'absorber l'oxygène directement à partir de l'eau.
Et l’Homme, peut-il hiberner ?
Tel Han Solo, personnage de la saga Star Wars, qui se réveille d’une longue période de congélation, l'être humain pourrait-il un jour hiberner et se réveiller sans séquelles ? C’est en tout cas ce sur quoi travaillent, très sérieusement, la NASA et l’agence spatiale européenne qui espèrent pouvoir mettre des astronautes dans un état de torpeur et faciliter leurs voyages dans l’espace, voire un jour sur Mars.
Des expériences ont déjà été menées sur des animaux dont ce n’est pas la nature d’hiberner. Ils ont été plongés dans un état de sommeil profond grâce à certains traitements qui ont fait leurs preuves en laboratoire. Il s’agit notamment de la molécule DADLE que l’on trouve dans le cerveau et qui déclenche l’hibernation chez certaines espèces. Alors fiction ou réalité, affaire à suivre.
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Recommandation de lecture
L’ours - l’autre de l’Homme, Rémy Marion, Actes Sud
