Les insectes en ville et dans les jardins
“Ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse !” Qui n’a jamais sursauté en croisant une araignée baladeuse ou crispé tout son visage à l’approche d'une abeille un peu trop ambitieuse ? Cette peur ancestrale des insectes ajoutée à l'urbanisation et à l'activité humaine nuisent à leur simple existence. Or les scientifiques sont unanimes sur un point : sans les insectes, nous ne pourrions pas survivre, les écosystèmes s'effondreraient. Alors pourquoi les insectes sont-ils si vitaux pour nos villes ? Comment les aider à y subsister ? On vous dit tout !
Les insectes dans le monde du vivant
Vieux de 480 millions d'années, les insectes représentent environ 70% des espèces connues sur notre planète et l’on recense plus d’un million d’espèces. Petits voire invisibles mais essentiels à la survie de la biodiversité, leur déclin est aujourd’hui préoccupant.
A titre d’exemple, une étude publiée en 2017 par les chercheurs Caspar Hallmann et Hans de Kroon aux Pays-Bas, a démontré que plus de 75 % des insectes ailés ont disparu en moins de 30 ans. En 2021, c’est l’Académie des sciences qui lançait une alerte au sujet de l’érosion de la biodiversité des insectes.
💡 Le saviez-vous ? La France possède depuis 2014 une loi qui interdit aux collectivités l'usage des pesticides chimiques de synthèse pour l'entretien des espaces verts et de la voirie. Il s’agit de la loi Labbé. Son but ? Protéger les insectes et favoriser la biodiversité dans les villes.
Quels sont les insectes que l’on trouve en ville ?
Difficile de tous les citer car nombreuses sont les petites bêtes à avoir élu domicile dans nos jardins et sur nos balcons. Voici les principales :
Les abeilles domestiques - Elles assurent à elles seules jusqu’à 85 % de la pollinisation des plantes à fleurs. L'opération des ruches en ville sur les toits des immeubles a d’ailleurs permis de montrer que leur mortalité est inférieure en ville car davantage à l'abri des pesticides. Dans la même famille, on retrouve la guêpe, le bourdon ou encore l’aphidius.
Les libellules - Il existe une vingtaine d’espèces d’odonates à Paris aux noms tous plus évocateurs les uns que les autres : le leste vert, l’æschne bleue, l’agrion élégant ou encore l’anax empereur, considéré comme l’une des plus grandes libellules d’Europe.
Les coccinelles - Le chouchou des petits comme des grands, la coccinelle est aussi l'amie des jardiniers car elle raffole des pucerons et protègent ainsi les cultures. Dès l’été, elles ralentissent le rythme et hibernent à côté des cultures ou trouvent refuge dans les habitations.
Les papillons - En Ile-de-France, plus d’une espèce sur trois de papillons est menacée ou a disparu. Selon l’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France, 18 des 135 espèces de papillons recensées ont même complètement disparu comme l’Azuré des mouillères qui n’a pas été revue en Ile-de-France depuis 1993.
La chrysope - Comme la coccinelle, cet insecte vert à la silhouette fine adore les pucerons. Les spécialistes la surnomme même le “lion des pucerons” : à la belle saison, la larve et l’adulte en dévorent des centaines pour se nourrir.
💡 Le saviez-vous ? Les villes et leurs jardins sont aussi le refuge des fourmis ou des araignées, les points d’eau comme les mares font, elles, le bonheur des moustiques qui sont plus utiles qu’on ne le croit. Leurs larves, gourmandes en débris végétaux, participent à la filtration de l’eau et à la fertilisation des sols.
Pourquoi attirer et protéger les insectes de son balcon ou jardin ?
Une étude récente publiée en Australie a montré que végétaliser les villes avait plusieurs impacts positifs, notamment celui de faire se multiplier par sept le nombre d’insectes. Contrairement à leur réputation de nuisibles, les insectes nous rendent de nombreux services :
Ils sont régulateurs - Tous les insectes font partie de la chaîne alimentaire, à la fois prédateurs et proies. Certains comme les coccinelles débarrassent les cultures d’envahisseurs comme le puceron, d’autres permettent à certains animaux comme les oiseaux, les chauves-souris ou les petits mammifères de se nourrir.
Ils sont pollinisateurs - Ce sont les auxiliaires du jardin et du potager. Sans eux, près de 80% des fleurs ne produiraient pas ou peu de fruits ou de légumes. Les plus grands pollinisateurs sont les abeilles, les guêpes et les fourmis puis les mouches, les moustiques ou encore les coccinelles.
Ils sont recycleurs - Nous ne sommes pas les seuls à recycler nos déchets, certains insectes aussi ! Ils mangent, et donc recyclent, du bois mort, des crottes ou encore des charognes. Ils participent ainsi à dégrader ces déchets organiques en micro morceaux qui serviront de nourriture à d’autres espèces. Cette matière organique, suffisamment dégradée, sera utilisée par les racines des plantes et servira d’engrais naturel pour les sols.
Selon le scientifique britannique Dave Goulson, les insectes pourraient revenir en une année ou deux si nous nous engageons pour les aider dans nos parcs et nos jardins. Il suffit de mettre en place des gestes simples comme arrêter de les tuer, ne pas utiliser de pesticides, faire pousser des fleurs sauvages sur nos balcons… Des gestes à la portée de toutes et tous. Alors à vous de jouer !
Recommandation de lecture :
Terre silencieuse (empêcher l’extinction des insectes), de Dave Goulson, 388 pages, Editions du Rouergue