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Phytothérapie : peut-on préparer soi-même ses remèdes et soins à base de plantes sauvages ?

Phytothérapie : peut-on préparer soi-même ses remèdes et soins à base de plantes sauvages ?

Par Audrey , le 02/07/2024

🌱 C'est un fait : les plantes ne peuvent pas se déplacer comme nous, les animaux 🏃‍♀️. Au cours de leur évolution, elles ont dû trouver d'autres moyens que la fuite pour se défendre contre divers ennemis (soleil, herbivores, parasites, champignons).

Ainsi, elles possèdent une composition chimique très variée aux composants utiles pour notre corps à nous, humain ! Ce n'est donc pas un hasard si beaucoup de médicaments et de produits cosmétiques viennent des plantes. 

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Tout naturaliste amateur intéressé par la phytothérapie (soin par les plantes) peut préparer des plantes sauvages de diverses manières pour tirer parti de leurs propriétés médicinales. Nous allons voir ensemble quels sont les différents types de préparation des plantes sauvages en soin phytothérapeutique "à la maison".

AVANT PROPOS

Les règles d'or de la cueillette sauvage :

  • Soyez absolument certain de l'identification de la plante afin d'éviter de cueillir une espèce menacée ou toxique ;

  • Préservez la biodiversité : cueillez moins de 10 % des plantes présentes, récoltez seulement la partie consommable, et évitez les zones où la cueillette est interdite (consultez le site Geoportail.gouv.fr) ;

  • Ne récoltez pas dans des zones polluées : bords des routes (moins de 50 mètres), voies ferrées, décharges, proximité des usines et des champs cultivés.

Attention à la puissance des effets :

L'usage phytothérapeutique des plantes n'est pas anodin. Certains procédés permettent une concentration importante de principe actif. De même, il existe de forts risques d'interaction notamment avec des médicaments. Il est donc important de toujours demander des conseils en pharmacie, mais surtout de prévenir son médecin quand on en prend. Les remèdes maison ne doivent être administrés ni aux enfants ni aux femmes enceintes.

🔎🌱 Pour tout néo-naturaliste, le mieux, et on ne le dira jamais assez, c'est de commencer à récolter et préparer ses soins à l'aide d'un professionnel. Participez à l'une des sorties ou des ateliers de notre communauté de guides naturalistes .

 

REPETER APRES NOUS 5 FOIS CE BEAU VIRELANGUE : PLANTE FRAICHE OU PLANTE SECHE ?

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La cueillette des plantes sauvages médicinales doit être réalisée avec précaution. Il faut d'abord connaître la partie de la plante à récolter suivant les vertus attendues. Par exemple, pour le coquelicot les pétales, les feuilles pour le romarin, les racines pour la valériane ou bien l'écorce pour la bourdaine.

Pour savoir si vous devriez plutôt utiliser la plante fraîche ou séchée, renseignez-vous au préalable sur la plante en question et les composés permettant l'effet médicinal recherché. Par exemple, la vitamine C très présente dans l'ortie, se dégrade très rapidement lors du séchage. Cependant, la plante séchée a aussi l'avantage d'être plus concentrée en principe actif. De même qu'elle pourra être conservée plus longtemps et permettra de lisser l'effet de saisonnalité.

Plante fraîche, préparation : pour conserver au maximum leurs propriétés dues à leurs composants, il vaut mieux récolter les plantes par temps sec, après l'évaporation de la rosée du matin. La récolte doit être utilisée très rapidement.

Plante sèche, préparation : le séchage doit être réalisé dans un endroit aéré, ombragé et bien sec. Des grilles dans un châssis de séchage sont parfaits, surtout pour les feuilles, les fleurs, les racines et l'écorce. Les plantes entières peuvent être suspendues.

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QUELS SONT LES DIFFERENTS TYPES DE PREPARATION DES PLANTES SAUVAGES EN SOIN PHYTOTHERAPEUTIQUE ?

Il existe de très très nombreux types de préparation des plantes à vertus médicinales, regroupés sous le gros mot vulgaire de "galénique".

Pour en savoir plus : Les formes galéniques en phytothérapie avec le Dr Carole MINKER

Dans cet article, nous n'allons en détailler que 6. Ce sont les principales facilement accessibles : le cataplasme, l'infusion, la décoction, le sirop, la macération et la teinture mère.

Chaque méthode de préparation a ses avantages spécifiques et est choisie en fonction des effets thérapeutiques recherchés. Il est important de bien connaître les plantes à utiliser, y compris leurs propriétés médicinales et leurs éventuelles contre-indications.

CATAPLASME

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Il s'agit de la préparation la plus simple, que l'on peut même réaliser en pleine nature.

Intérêt : préparation très rapide. On utilise directement la plante. Sans ajout particulier ni transformation.

Préparation : il vous suffit de broyer ou de hacher voire de réduire en purée avec un mixeur si vous êtes à la maison une quantité suffisante de plantes pour couvrir toute la zone douloureuse. Ajouter de l'eau si nécessaire jusqu'à obtenir une pâte épaisse puis appliquer directement sur la zone concernée. Usage externe.

INFUSION

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Intérêt : il s'agit d'un mode simple de préparation. Les infusions sont idéales pour extraire les composants solubles dans l'eau comme les flavonoïdes ou les huiles essentielles. Elles présentent l'avantage, en plus des principes actifs de la plante, d'apporter une bonne hydratation.

Préparation : l'infusion est obtenue en versant de l'eau bouillante sur les parties de plantes utilisées en les laissant tremper quelques minutes.

DECOCTION

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Intérêt : les décoctions sont employées pour extraire les principes actifs des parties plus résistantes des plantes (racines, écorce, baies).

Préparation : il s'agit principalement d'une infusion longue. Les plantes fraîches ou sèches doivent mijoter dans l'eau bouillante pendant 20 à 30 minutes. Le liquide est absorbé après avoir été filtré.

SIROP

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Intérêt : cette forme est très prisée des enfants et des amateurs de douceurs. Par exemple, on peut confectionner un sirop à la menthe, mais aussi un sirop au coquelicot (sédatif léger et apaise les voies respiratoires) ou un sirop de fleurs de sureau (qui réduit la fièvre et favorise la santé respiratoire).

Préparation : en utilisant une infusion concentrée de plantes, on y ajoute un volume égal de sucre et faire cuire en sirop.

MACERATION

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Intérêt : Cette méthode est souvent utilisée pour des préparations plus douces ou pour extraire des composants sensibles à la chaleur.

Préparation : les macérations impliquent de faire tremper les parties de la plante dans un liquide (eau froide, huile, alcool) à température ambiante pendant une période prolongée (plusieurs heures à plusieurs jours). Le mélange est ensuite filtré et conservé.

TEINTURE MERE

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Aussi appelée alcoolature (légères différences de préparation). Il s'agit d'une macération alcoolique de plantes.

Intérêt : Elles permettent une conservation prolongée et une concentration élevée des principes actifs.

Préparation : les teintures sont des extraits de plantes réalisés en faisant macérer les parties de la plante dans de l'alcool pendant plusieurs semaines. Le mélange est ensuite filtré et conservé à l'abris de la chaleur et de la lumière.

QUID DES HUILES ESSENTIELLES ET EAUX FLORALES ?

Ces formes galéniques très utilisées en parapharmacie et herboristerie sont réalisées via un procédé appelé distillation. Il demande par contre un équipement spécifique et est plus difficile à réaliser à la maison (en général, besoin d'un alambic).

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La distillation est une technique qui consiste à séparer des constituants d’un mélange par ébullition. Dans le cas de la distillation d’huiles essentielles, il s’agit de séparer les molécules aromatiques de la plante. Ces molécules aromatiques sont contenues dans les poches à essence produites par la plante. Les poches à essence libèrent leur contenu en explosant lorsque la température augmente et dépasse un certain seuil.

Principe : Dans un récipient on met de l’eau, un panier au-dessus duquel on met des plantes. On chauffe après avoir fermé le récipient. En chauffant, l’eau se transforme en vapeur, vapeur qui, entrainée vers le haut, passe dans la couche de plantes en emmenant les principes actifs. Sur l’ouverture sur le haut du récipient on introduit un tube par lequel la vapeur chargée est emmenée avant d’être refroidie dans un serpentin qui se trouve dans une cuve remplie d’eau (la cuve de refroidissement).

Dans le récipient de réception, la distillation des fleurs produit deux phases :

  • Une phase huileuse, connue sous le nom d'huile essentielle.

  • Une phase aqueuse, appelée hydrolat (si une plante est utilisée) ou eau florale (si seulement la fleur).

La concentration en principes actifs diffère grandement entre ces deux phases.

Les huiles essentielles contiennent une concentration beaucoup plus élevée de molécules actives par rapport aux eaux florales.

CONSERVATION

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Les plantes fraîches sont à utiliser juste après la cueillette. Les plantes sèches peuvent être conservées jusqu'à 2 ans.

Les infusions et les décoctions doivent être consommées rapidement après préparation.

En revanche, les macérations et les teintures peuvent être conservées longtemps, sous réserve de bonnes conditions de conservation.

Pour conserver plantes séchées, macérations et teinture, les bocaux ou pots en verre de bonne qualité sont à privilégier. En effet, accessibles, abordables et de différentes tailles, ce sont d'excellentes barrières à l'humidité.

Choisissez un lieu sec et à l’abri de toute source de chaleur et de lumière, pour garantir leurs vertus thérapeutiques. La température doit être modérée.

Une bonne conservation des plantes médicinales comprend un étiquetage :

  • Le nom de la plante ;

  • La partie employée de la plante (feuilles, fleurs, racines, …) ;

  • Le mois de récolte.

  • Le type de préparation

La durée moyenne de conservation des plantes médicinales dépend de la plante, mais aussi des parties concernées. Renseignez-vous bien !

Retrouvez dans le prochain article des exemples pratiques de préparation de plantes

Pour en apprendre plus sur les vertus des plantes et leurs usages en phytothérapie, venez participer aux sorties et ateliers proposés par les guides botanistes EcoNature

 

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages :

Boffeli, I. Bruno, I. (2017). Phytothérapie, l'essentiel du bien être au naturel. Ed. Hachette Pratique

Chevallier, A. (2008). Les plantes médicinales. Ed. Grund.

D'Hennezel, M. (2020). Ma petite pharmacie naturelle. Ed. Rustica.

Sites web / vidéos :

5PM Plantes et Fleurs de Provence. (s. d.). Distillation. 5PM Plantes et Fleurs de Provence. https://www.5pm-plantesetfleursdeprovence.com/distillation/ (consulté le 26 juin 2024).

Allodocteurs. (s. d.). Phytothérapie : plantes fraîches ou séchées ? Allodocteurs. https://www.allodocteurs.fr/archives-phytotherapie-plantes-fraiches-ou-sechees-919.html (consulté le 26 juin 2024).

Meristème Blog. (2018, 7 novembre). Formes galéniques : après la récolte, que faire ? Meristème Blog. https://meristemeblog.wordpress.com/2018/11/07/formes-galeniques-apres-la-recolte-que-faire/ (consulté le 26 juin 2024).

Audrey
Ingénieure agronome, je suis passionnée par le vivant et naturaliste amatrice. Toujours émerveillée par les petites bêtes et les grandes plantes, je trouve des trésors sous chaque caillou.